mercredi 30 novembre 2011

Moeglus #2 suite et fin


« Hopkins » !!!!! Une voix surgit de nulle part et permis à Antoine de sortir de sa torpeur. Le froid engourdissait les membres mais on s’y habituait. Il ne fallait surtout pas relâcher sa vigilance. Ne pas s’endormir pendant sa garde, maintenir l’échelle debout, regarder le fil se dévider, veiller, toujours veiller…
Antoine comme les autres subissait maintenant les assauts de la zone froide. L’absence de lumière commençait à le rendre fou. Le fait que ce soit  Alexia qui soit  en haut de l’échelle n'arrangeait rien. Son cerveau revenait sans cesse à cette journée d’arrestation commune, ce jour noir sans comprendre comment ils avaient pu être pris dans ce piège grossier. Et pendant les rares moments de sommeil, les séances d’interrogatoire repassaient douloureusement dans sa tête.
Entendre son nom prononcé dans cet  univers avait quelque chose de surréaliste !!!
Qui l’appelait ? Qui pouvait le reconnaître ? Qui avait assez de cran ou de pouvoir pour briser la loi de l’anonymat ?
Antoine tourna la tête et manqua de s’évanouir.

Mode d'emploi de Moeglus et Donatien - de la part de Zèc

Un post explicatif...
Les nouvelles ne se croisent pas, ne se répondent pas.
Ni Sécotine ni moi ne nous communiquons des infos sur nos nouvelles.
Le seul impératif fixé est celui de finir à Noël....
Nous ne nous imposons aucun rythme, aucun nombre de caractères, sauf moi qui veut atteindre les 50000 car j'ai abandonné le nanowrite et que c'est aussi un entrainement pour l'an prochain....
De ce fait, je publie au fur et à mesure que j'écris, l'histoire est dans ma tête mais je ne modifie pas l'ordre dans la publication.
J'ai aussi cette sensation de vous livrer les brouillons de ma tête. C'est un exercice beaucoup plus périlleux que je ne l'imaginais et assez hallucinant parfois...
Il y a aussi des fautes, des erreurs de syntaxe, de grammaire, que je reprendrais un jour...
merci pour votre indulgence

dimanche 27 novembre 2011

Donatien # 2 - Ivan

Pendant plusieurs jours, il ressassa l'évènement. Il en arriva à une conclusion toute simple, mais qui restait incroyable. Il se résolu à renouveler l'expérience pour tester la validité de son hypothèse. 
Il choisit avec soin son cobaye : Ivan. Ce préposé au classement des colis postaux semblait tout indiqué : il travaillait en solitaire et ne se mêlait pas trop aux discussions entre collègues. 

Un matin, à l'heure de la pause, Donatien le rejoint dans la courette à l'arrière du bâtiment où les employés étaient autorisés à fumer une cigarette. Ivan venait tout juste d'allumer sa gitane. Le ciel était gris et maussade, le genre de temps qui laisse à penser que la météo avait la flemme et qu'elle avait enfilé les mêmes vêtements que la veille, un peu froissés et pas très nets. Donatien salua Ivan, Ivan lui répondit et évoqua la météo, puisque toutes les discussions formelles doivent commencer ainsi d'après la loi universelle des échanges humains quand on n'a rien à se dire. Donatien débita tout à trac une citation ampoulée de Malarmé sur l'azur, cet azur qu'on voyait si peu dans leurs contrées nordistes. Ivan le regarda comme s'il était tombé sur la tête. Donatien éclata de rire et lui posa nonchalamment une main sur l'épaule. Un geste de connivence : quelle blague, hein ? Ivan restait interloqué. Donatien changea de sujet, et, la main reposant toujours sur Ivan, il lui demanda s'il avait vu cet oiseau, là, un petit oiseau gris, qui s'était envolé du toit au moment précis où il allumait sa cigarette... Le regard d'Ivan se troubla. Aussitôt Donatien retira sa main et le salua de nouveau. Ivan sursauta et lui rendit son salut en souriant : il ne l'avait pas vu sortir. Quel temps, hein ? Fait gris...
Aucun malaise, pas la moindre allusion à son délire poétique sur le bleu du ciel, sur l'oiseau gris. Pas le moindre souvenir, en fait. Donatien souriait en l'écoutant parler de la météo pour la seconde fois en trois minutes.

Donatien # 1 - Josie

Non, Josie n'avait pourtant rien à voir avec les jolies filles de magasines. Elle n'était ni plus intelligente, ni plus gentille qu'une autre. Mais les circonstances firent que...

Josie, donc, de son vrai prénom Joséphine (mais cela faisait des années que seul les courriers officiels l’appelaient encore ainsi), 72 ans, se trouvait ce jour-là à la poste de Saint-Omer, la grande, celle située à deux pâtés de maisons de chez elle. Elle faisait la queue pour acheter quelques timbres et envoyer un petit colis à un de ses nombreux petits-neveux. Une petite boite de chocolats, rien d'extraordinaire, mais elle avait glissé dedans un billet "Oh, juste un petit" comme disent toutes les mamies qui gâtent trop leurs proches, 50€ pour "s'acheter une bricole qui te fera plaisir". En attendant son tour, elle arborait le même sourire que si ce petit-là, 1m87 et tout en jambes et en bras qui semblaient trop longs pour lui, se tenait en face d'elle en train d'ouvrir son paquet. Josie faisait partie de ses gens qui n'aiment rien tant que faire plaisir aux autres. Elle rêvassait en attendant son tour. 

Donatien, lui, avait fini son service et se préparait à rentrer chez lui. En quittant la poste, il tint la porte à un jeune homme en jogging qui entrait. Un cri, un bruit de chute, et la porte s'ouvrit à nouveau pour laisser passer le même jeune homme, un sac à la main et un petit colis sous le bras courant comme un dératé. Josie avait été détroussée, assez violemment car elle avait résisté, plus par réflexe que par bravoure, et c'est Donation qui fut le premier à ses côtés.
Il se sentait un peu coupable d'avoir laissé passer son voleur deux fois, à l'entrée et à la sortie, même si, aurait-il réagi à temps et l'aurait-il voulu, il n'aurait rien pu faire : le joggeur-voleur courrait vite et était déjà loin. 

Donatien fit s'assoir Josie, lui tint la main et lui parla tout doucement pour la calmer. Préparant l'arrivée des policiers appelés par ses collègues, il demanda à cette petite dame tremblante ce qui s'était passé exactement, et à quoi ressemblait précisément son agresseur. Josie était bouleversée, elle avait du mal à organiser ses pensées. Donatien pensa l'aider en l'incitant à se plonger dans ses souvenirs, au moment précis où le jeune homme avait fait irruption alors qu'elle attendait, dernière de la file d'attente. Le regard de Josie se voilât soudainement. Elle resta un moment silencieuse, puis sursauta, comme au sortir d'un mauvais rêve. Elle dévisagea Donatien comme si elle le voyait pour la première fois. A sa décharge, ça n'était techniquement que la seconde fois de sa vie qu'elle croisait son regard et, on l'a déjà dit, Donatien n'était pas du genre à marquer les esprits. Elle lui demanda ce qu'elle faisait là, assise pas terre. Son dernier souvenir remontait à son attente au guichet.
Les personnes présentes pensèrent aussitôt à la maladie d'Alzheimer, au choc de l'agression... Mais Donatien resta perplexe. Elle avait pourtant l'air d'avoir toute sa tête, avant.

Avant...

Donatien # intro - présentation.

Il avait toujours eu une existence solitaire, pas grand monde pour lui tenir la main.
Il avait toujours eu une mémoire d'éléphant, pas beaucoup d'occasion d'oublier sa tristesse. 


A l'âge de 27 ans, Donatien Garmalson, guichetier à la poste centrale de Saint-Omer, Pas-de-Calais, ne connaissait des week-ends en famille et des soirées de couple délicieuses que ce qu'en racontaient ses collègues à la pause déjeuner. Cela ne lui manquait pas.
Pas trop.
Il avait une trop bonne mémoire pour oublier que bien souvent, derrière la mauvaise humeur, la fatigue ou le coup de blues de ses collègues se trouvait une histoire en lien avec la moitié, ou les enfants, ou les parents, ou même les trois. Il aurait préféré oublier tout cela, pour mieux profiter des opportunités qui s'offraient à lui : le charmant sourire de cette jeune fille par exemple, hier, au guichet, et son invitation à peine voilée... Tentant. Mais il se rappelait cette même jeune fille, deux mois plus tôt, virulente et vulgaire, se disputant dans la rue avec son copain de l'époque. Merci, mais non merci. 


C'était un jeune homme qui correspondait tout à fait à la règle du ni/ni : ni petit ni grand, ni moche ni beau, ni maigre ni gros... Le genre de personne dont on ne retient jamais la couleur des yeux (Marron ? Oui, sans doute marron, la couleur universelle des yeux auxquels on ne fait jamais attention), ni des cheveux (vraisemblablement une nuance de châtain, mais laquelle...). Le type dont on ne retient qu'un détail extérieur à lui-même : celui qui est au guichet à côté de la borne automatique, celui qui a le même pull que untel, celui qui était devant moi à la caisse du supermarché...


Donatien s'était donc résigné depuis bien longtemps à traverser la vie en spectateur désabusé et solitaire, jamais sur scène et toujours un peu à côté, quand Josie vint changer tout ce fragile équilibre.

"Bloup bloup" fait le poisson dans l'aquarium de Zec.

Je suis un poisson. Et d'un coup de tentacule, me voilà dans l'aquarium de Zec, et ça va, ça se passe plutôt bien ! De toute façon, c'est le genre d'aquarium où l'on trempe une nageoire avec plaisir avant de faire plouf : après avoir côtoyé Zec par réseaux sociaux interposés, un jour, schlaaaack, on a fini par se rencontrer, avec le poulpe hyperactif. C'était marrant. Le genre de rencontre étrange où tu as pour la première fois en face de toi quelqu'un que t'as l'impression de déjà connaître, ça fait bizarre. Et v'là t'y pas que, en plus de tout ça, on a toutes les deux l'envie d'écrire des trucs, dis-donc ! Mais si je fonctionne mieux sous pression, je ne réagis jamais autant qu'à celle que je me mets moi-même... Alors un bon coup de tentacule pour finir une nouvelle bien accompagnée, tu parles que ça me tente ! Le NaNoWriMo est trop hard-core pour moi ? Qu'importe, avec Zec, on va se faire notre NaNo à nous, qui n'a plus rien d'un NaNo du coup, mais on s'en fout ! C'est partiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!

Moeglus # chap 2 les repriseurs de couche d'ozone

Extreme Nord de la ZonEurope, Zone froide

Et sans cesse, ils recommençaient.   Combien étaient-ils ?
1000 2000 3000 10000 nul ne saurait
Ils étaient une légende
Un mythe
Un concept
Une  a-réalité.
Le fruit du délire d'un dictateur en mal d'émotions fortes. La réalisation d'un fantasme d'une rare perversité
Et cela se déroulait loin, au-delà de toute civilisation, au -delà de toute humanité possible. Dans la zone très froide. Le pays des loups et de la  nuit. De la terre aride et de l'absence de végetation. Un paysage en noir  et blanc. La terre et le ciel. La glace et la nuit.
Et sur cette terre, des hommes, minuscules tant leur attirail était nombreux et vaste.
Ce qu'on voyait ?  nne perspective hallucinante d'échelles à perte de vue. Des hommes, des  femmes disparaissant sous des couches d'habits ; Des silhouettes informes toutes munies d’échelle, de fil et d'aiguille dont la tâche était de réparer la couche d'ozone ;
On les appelait les repriseurs de couche d'ozone car c'est à cela qu'ils étaient condamnés.
Monter sur l'échelle, y accrocher une autre échelle, et encore une autre, soutenir les autres condamnés qui montaient dans le froid. Jusqu'à ce qu’ils disparaissent en haut, dans la nuit, maintenir les échelles accrochées les unes aux autres pour que les camarades ne tombent pas de l'autre coté de la nuit. Ne pas être celui qui condamne l'autre à la mort ; Maintenir coûte que coûte les échelles ensemble. Veiller à ce que les barreaux ne glissent pas. Garder les gants, de temps en temps les remplacer par des mitaines, mais pas trop longtemps : les  doigts gèleraient trop vite et empêcheraient la bonne tenue des éléments. Ceux qui avaient perdu leur doigts en captivité, préféraient repriser que de tenir pour ne pas condamner l'un des leurs.
Bouger les orteils régulièrement dans les chaussures et fixer  ce qu'on fait.
Garder le fil sans le couper, bobine indéfiniment déroulée jusque là haut tout là haut dans le noir. Il pouvait se passer des heures,des jours,  des semaines sans que l'un d'entre eux ne redescende.
Et quand ils redescendaient t, rares étaient ceux qui restaient les mêmes. On le voyait à leurs yeux. Les nouveaux interrogeaient les anciens, qui ne répondaient pas. Dans leurs yeux, on lisait la folie du monde.
Nombre de ceux qui descendaient perdaient l'esprit, se laissaient envahir par la mélancolie, la démence, l'apathie ou l'indolence. Ils ne bougeaient plus se condamnant alors eux-mêmes à la mort. Leurs compagnons récupéraient alors leurs effets personnels, avec un respect étonnant dans ce pays de non-droits :
Les chaussures allaient aux nouveaux – venus qui allaient devoir tenir debout dans une immobilité pendant de longues heures, les gants et tout ce qui pouvait faire office de couvre chefs allait aux futurs éclaireurs qui allaient devoir monter dans la nuit.
Les pauvres hères n'avaient pas grand chose d'autre à partager...
Ensuite les corps étaient empilés à la lisière du camp pour servir de mur de protection face aux loups.

Antoine s'accroupit près de son échelle et prit du temps pour réfléchir. La situation le mettait dans une douce folie.
4 semaines qu'il tenait l'échelle pour Alexia. Alexia était montée depuis 4 longues semaines sans que le fil ne soit coupé. Elle n'avait donc pas basculé, elle était donc vivante. Mais qui pouvait encore rester vivant au bout de temps de temps là -haut ? Si elle redescendait ce serait dans quel état ? Ne valait -il pas mieux qu'elle meure. Antoine ne voulait pas perdre Alexia, une partisane la paix arrêtée en même temps que lui à Paris. Il s'estimait coupable de son arrestation et l'avait protégée de son mieux depuis.
Antoine ne cessait de repenser à ce jour gris dans Paris et plus encore à son parcours... lui tombé d'un seul coup dans la résistance.

Antoine s'était fait prendre par la milice à Paris plusieurs semaines auparavant. Des semaines qui lui paraissaient des mois. Antoine avait rendez vous à la planque parisienne avec d'autres Indignados.  Les Kraken l'avaient averti qu'Hardin voulait le rencontrer chez Moeglus ; ce n'était donc pas un rendez vous anodin, cela signifIait autre chose. Antoine était entré en résistance, 5 ans auparavant, le jour où il avait vu tous ses amis disparaître en une journée. Une rafle, incroyablement bien organisée, comme savent bien le faire les Bottes noires, évidemment qu'il y avait des délateurs mais on ne réussissait pas à les localiser. 
Pour ces deux raisons Antoine avait rejoint le Reso. Pas seulement rejoint, il avait été un des initiateurs de la réunion de tous les acteurs principaux. Il avait fait de nombreux allers retours entre la ZonEurop et la ZoneAfriK, fait halte chez de nombreux militants sur son parcours, convaincant sans relâche les uns et les autres de l'utilité de s’unir.
C'est en ZonAfrik que les partisanes de la paix étaient les plus nombreuses. Autant elles étaient encore assez libres au sud, autant c’était trop risqué pour elle de migrer en ZonEurope, Cependant Alexia elle aussi effectuait des allers retours et accepta donc de s'installer à Paris.
 Très vite, Antoine par son franc parler, son audace et son charisme enétait devenu un élément fondamental chez les Indignados vite repéré par Hardin, qui suivait son parcours par les informations données par les krakens. Son sens de l'improvisation, son inventivité en avaient fait un lieutenant de choix. Hardin et Antoine ne s'étaient jamais rencontrés. Antoine s'était fait arrêter à Paris tandis qu'Hardin était retenu à Amsterdam.
Ce jour là Antoine avait rendez vous avec Alexia dans un café. Il refusait de s'avouer qu'il était heureux que ça soit elle.
Il la repéra assez vite : petite et mince, elle était dissimulée sous un accouttrement bizarre, des pans et pans de tissus accumulés et son visage disparaissant  sous une capuche.

Moeglus # chap 1

Amsterdam Jardin botanique -

Hardin se releva difficilement et retomba immédiatement. Tel un pantin inarticulé. Il préféra s’asseoir et regarda autour de lui . Sa vision était brouillée et il mit un temps à s’accommoder à l'obscurité . Il était adossé à un mur, les jambes allongées devant lui . Son premier réflexe fut de regarder l'heure . Hardin portait une montre gousse à remontoir des temps préhistoriques il la chercha dans sa poche et ne la trouva pas . Péniblement il tira sur la chaîne qui la reliait à sa ceinture et la sentit poisseuse . Il la jeta avec dégoût . IL se reprit, mit la main à sa bouche et goûta ses doigts : du sang. C'est alors qu'il réalisa que son pantalon était trempé, tout comme ses chaussures et son dos . Il s'appuya sur le mur, pour se relever car la nuit environnante ne lui permettait pas d'utiliser ses fonctions habituelles. Il restait dos au mur, figé dans un assourdissant silence. Sa tête cognait, mais il n'avait pas le temps d'écouter sa douleur . Il lui fallait avancer, comprendre ce qui se passait et tout ceci dans l'obscurité la plus totale. Pourquoi cette mare de sang, pourquoi ce silence, pourquoi ce froid, pourquoi cette nuit.
Hardin avait rendez vous avec Hopkins chez Moeglus, il avait quitté Londres la veille et là, à Amsterdam, s'était rendu chez son ami Hector pour s'informer de la tenue des combattants hollandais. Il avait laissé Hector et décidé de jouer au touriste pour tromper la surveillance des Bottes Noires . Le jardin botanique lui plaisait, Hardin n'était pas du genre nostalgique, les actes de résistance ne faisaient pas bon ménage avec le mélo, cependant, cet endroit éveillait en lui de délicieux souvenirs d'une vie maintenant révolue, Un temps pas si ancien au cours duquel , il s'était nonchalamment promené avec une femme à son bras, riant et devisant indifférent au monde qui l'entourait. Depuis, cette femme comme toutes les autres avaient disparu. Les rafles des Bottes Noires avaient contraintes les survivantes à se terrer . Les seules femmes non sexagénaires qui sortaient sans crainte étaient des membres de la garde de Valborat, des fonctionnaires du SEEG, ou encore des membres de la milice des Bottes Noires ; Valborat avait transformé le paysage urbain en une foule uniforme vieille et grise qui attendait la mort.
Harding longeait le mur en tâtonnant . De temps en temps son pied heurtait quelque chose de dur , ou au contraire mou et spongieux ; Harding savait ce qu'il en était : des cadavres, que des cadavres....
Ses jambes heurtaient des vitres, du verres, des bouts de chaises ou de tables renversées .Il se murait dans le silence pour ne pas hurler quand il entendait les os des mains qui craquaient sous la semelle de ces pieds : la serre était devenu un immense ossuaire. Plus Hardin avançait, plus l'odeur du sang devenait entêtante. L'envie de vomir était annihilée par la peur de se faire prendre par la milice, jamais très loin dans ce genre d'événements . Cependant ce silence alertait Hardin : pas de détonation alentour, pas de bruit de bottes, pas d'ordres hurlés, pas de sirènes. Mais que se passait-il ?
Soudain une goulée d'air, soudain plus de mur auquel se raccrocher mais du vide. Hardin se retourna prudemment et sortit. Ses yeux s'étaient habitués à l’obscurité. Il percevait des mouvements mais il savait qu'il n'étaient pas humains.  Son séjour de 3 mois dans les geôles d'Odalisk lui avaient appris à faire la différence entre tous les bruits ambiants.
Sûr qu'aucun militaire ne le surprendrait aux environs, Hardin se détendit, évalua la situation et fit l'inventaire de ce qui lui restait. Miraculeusement , il n'était que peu blessé : quelques contusions, peu de plaies, rien de cassé. Ses vêtements étaient déchirés et sales, sa montre cassée. Il lui restait son ID , (fausse) certes mais en ordre, et aucune blessure n'avait ouvert les poches  sous cutanées qui renfermaient  les  puces de connexion avec Moeglus,le Maître et certains membres du réseau.
Autour de lui tout n'était que Silence et nuit La mort avait frappé, à grande échelle en plus. Il fit le tour du bâtiment pour s'en assurer : il contourna des cadavres, et plus surprenant des miliciens morts. Il récupéra une trousse de secours, une lampe de poche, des vêtements propres, des cartes de traverses Europ/Afrik valides et non nominatives, quelques armes, des codes de connexion à transmettre aux Kraken, de la nourriture ;
C'est fou ce qu'une centaine de morts peuvent vous apporter comme moyen de survie, il en parlerait à Moeglus, humaine non modifiée ô combien essentielle à leur survie à tous, qui appréciait son cynisme
Oui, il fallait qu'il contacte Moeglus et le Maitre. Il fallait sortir de là et s'assurer que les membres du RESO étaient en vie.
Il marchait donc d'un pas assuré vers la ville pour trouver une borne de connexion , quand il la trouva, il demanda un titre d'Elvis, son identifiant pour Moeglus, attendit que la connexion se fasse, quand il se trouva nez à nez avec un loup.

Moeglus # intro bis

Chapitre 1 : 5h00 après la Grande Nuit


Un étrange signal alerta Moeglus qui passa de l’état de veille à l’état de réveil total. Elle passa son siège en position assise et vissa son casque sur sa tête pour prendre connaissance des dernières nouvelles.
Ce signal la dérangeait. Jamais le RESO n’en n’avait émis de pareil. Moeglus centralisait et dispatchait les échanges entre les militants des Indignados fédérés en un RESO discret mais efficace depuis des décennies.
. Certains soupçonnaient d’ailleurs Moeglus d’être un Kraken , mais dans ce monde, c’était pire, Moeglus était un humain non modifié . Personne n'avait réussi à comprendre les raisons pour lesquelles Moeglus , le Maître  et les Kraken arrivaient à communiquer .Ni comment . Ni pourquoi.
Et à vrai dire, peu s'en souciaient .Moeglus était devenu leur moyen de communication et beaucoup oubliaient même qu'elle était humaine . Peu d'entre eux l'avait vu et pour la majorité d'entre eux elle était une légende . Quant au Maitre seuls les chefs de la résistance le connaissaient, Hardin au Nord et Hopkins au Sud .


Le signal s’arrêta, Moeglus inclina son fauteuil et entra en contact avec le Maître par la seule force de la pensée .
-       Maitre, il se passe quelque chose d'étrange
-       j'ai entendu Moeglus, et tout ceci ne présage rien de bon
-       avez vous des nouvelles de Hopkins et Hardin ?
-       Rien Moeglus, rien nulle part, j'ai bien peur que le pire soit arrivé
-      
-       Moeglus ?
-       …..
-       Moeglus ?
-       Je vous rappelle, je crois qu'Hardin veut me joindre.


Moeglus # Présentation

Où l’on fait les présentations

         Moeglus sourit intérieurement en songeant à ce que ses interlocuteurs dans la résistance pouvaient penser d’elle. Hors normes pour cette civilisation, elle serait morte si elle avait passé la porte de son œuf. 
Agée de 12 ans lors du dernier renversement de pouvoir de la ZonEurope, Moeglus avait vite compris que penser dans ce nouveau monde était encore plus dangereux que dans le précédent. Ses géniteurs, qui, curieusement, avaient choisi de l’élever et non de la confier au S.E.E.G [Service d’Education et d’Enseignement Général], lui avaient permis de survivre physiquement et mentalement. Moeglus songeait parfois à son existence d’avant mais la boule qui montait dans sa gorge non modifiée l’empêchait de la faire trop souvent. Cependant, cette boule avait le mérite de lui rappeler que sa maîtrise des émotions était trop aléatoire et encore inefficace. En parler au maître devenait nécessaire.  Connaissances lacunaires, aléatoires qui ne lui étaient d’aucun secours dans ce nouveau monde. Encore une raison de ne pas quitter l’œuf.
                                                                                               
Valborat était serein du haut du haut de son « Haut Château », il régnait enfin en maître absolu de ce nouveau monde. Un monde qui obéissait à ses régles aussi iniques soit elles. Il sourit en pensant aux pauvres petits dictateurs qui l’avaient précédé et qui, d’une certaine façon lui avaient transmis les clefs.
Le Château brillait dans la nuit. C’était la seule lumière de la zonEurope. Ceux qui vivaient en bas s’éclairaient à la lumière du jour et ceux qui avaient une source lumineuse accessible ne pouvaient s’éclairer que certains jours, certaines heures selon le bon vouloir de Valborat. Certes, pour connaître les jours et les heures autorisés, il suffisait de consulter les décrets édités par le Prince lui-même. Il fallait se rendre au Château, étage 222bis, escalier 8, niveau 3, bureau 1445 où un serviteur du Prince vous accordait le sésame tant désiré. Le service était ouvert 1H00, au delà de laquelle vous étiez tout simplement refoulé. Evidemment tout était filmé et le montage des scènes de batailles, d’errements et de cris amusait beaucoup Valborat qui les visionnait de temps en temps.
Humiliation, servilité, récompense aléatoire, traitrise, mensonges, flagornerie, séduction, corruption… Valborat avait oublié – s’il ne l’avait jamais su- ce que MORALITE et HUMANITE voulaient dire. Il descendait d’une lignée de princes manipulateurs, fourbes, puissants et bigrement intelligents. Même ses détracteurs – peu nombreux en apparence- lui reconnaissaient ces « talents ».
Le haut dirigeant était à la tête d’armées de serviteurs zélés, choisis parmi les meilleurs éléments façonnés par le S.E.E.G. Ses plus proches conseillers le craignaient autant qu’ils l’adulaient. En cercles concentriques de plus en plus éloignés le pouvoir se diluait. Tous avaient le même but : rester en vie.
En cette nuit, elle savait que comme elle, Valborat regardait au loin. Elle piaffait d’impatience  de sortir contempler les dégats et mettre son projet à l’œuvre mais  les portes blindées de sa résidence refusaient de s’ouvrir. 
Alors se leva dans le noir, brossa ses cheveux couverts de cuivre flamboyants qu’elle dressa avec sophistication .Elle posa sur son torse quelques bijoux cachant  difficilement  ses seins qu’elle avait d’opulents et de magnifiques. C’est ainsi que seulement vêtue d’une cape cousue de cheveux blonds, elle descendit dans les caves contempler les dernières prises des ses mercenaires. Quitte à attendre, autant s’amuser un peu pensait en descendant le long escalier de pierres. Les premiers cris de douleurs de ses prisonniers arrivèrent à ses et elle ne pu s’empêcher de  frissonner de plaisir.
Que ce monde allait devenir parfait
Odalisk exultait à la pensée de la terreur que son nom même provoquait. Valborat l’avait remarqué lors de ses premières expéditions en NouvelAfrik. Continent immense à qui lui et ses semblables avaient fait croire pendant des décennies qu’on s’occuperait d’eux et que leur parole serait écoutée entendue voire respectée. Qu’il fallait donc être naif pour croire pareille gabégie. Odalisque avait pu consulter les archives ultra sécrètes des siècles derniers et avait assez vite compris que, le chemin emprunté par Valborat était celui des anciens  dictateurs  avec ce petit plus que n’avaient pas ces prédecesseurs : Valborat avait modifié sa constitution génétique et dégageait une aura, un charisme et un érotisme qui venait la surprendre dans son sommeil.
Elle savait que pour survivre dans ce monde il fallait être aux côtés de Valborat . Alors elle fit tout ce qu’il fallait, collectant les informations nécessaires sur cet homme, ses alliés et ses ennemis .Certains soirs, au fond de sa résidence, elle pensait à ce qu’elle avait dû faire pour obtenir ces précieux renseignements et se promettait alors de faire venir à son service quelques gardes des archives pour se rappeler à leur bon souvenir, à un détail près. Ce serait elle qui tiendrait le fouet cette fois-ci.
Odalisk était aux yeux de ses obligés et même de ses ennemis un parfait mélange d’audace, de cruauté, d’intelligence, de perversité, un délicieux mélange d’attraction/répulsion agrémenté d’une absence totale de morale.
Quand l’avis de recherche de jeunes femmes pour la garde de Valborat avait circulé, Odalisk savait qu’elle devait absolument se faire remarquer du jeune chef en devenir qu’il était. Elle avait déjà quelques coups d’éclat à son actif qui n’étaient pas passés inaperçus du pouvoir (massacres de tribus, enlèvement d’enfants, trafic d’eau frelatée), et, dans les cercles décisionnels, son nom revenait, un peu plus souvent qu’avant.
La rumeur enflait. On parlait d’une femme belle et cruelle, des fables circulaient :- comme dans l’ancien temps- les mères disaient à leur enfant (si tu n’es pas sage Odalisk viendra nous prendre)
La rumeur faisait état de camps, de massacres organisés  et la rumeur avait raison.
A cette époque, l’entreprise d’Odalisk était circonscrite sur un petit territoire mis en devenant l’alliée de Valborat, elle pourrait l’étendre sur tout le continent et être prête pour la Grande Nuit.
Odalisk savait qu’elle pourrait plaire à Valborat par l’ingéniosité de son plan « la parthénogénèse »
La NouvelAfrik avait pendant des années servi de laboratoire expérimental à de nombreuses multinationales testant sur des populations leurs nouveautés afin de les améliorer avant d’inonder les marchés de la NewEurop. Cultures transgéniques, traitements médicamenteux avec effets secondaires violents, distribution de l’eau, produits dermatologiques, aucun domaines n’avait échappé aux têtes chercheuses de ces firmes. C’est sans peine qu’ils avaient convaincu les juntes militaires de s’associer à leur plan. La NouvelAfrique était depuis des centaines d’années la victime de la trilogie assassine « famine, guerre, épidémie ». Ses frontières redessinées au fur et à mesure des conflits de l’avancée des déserts et des milices en avait créé un bloc multipartite dans lequel la fin d’un conflit donnait naissance à un autre. Guerres larvées, succession de chefs, exécution sommaire, extermination de villages entiers, étaient devenues le lot quotidien de ce continent. Aucune difficulté pour les firmes très riches de négocier l’implantation de leurs « cliniques » les uns monnayant un oléoduc, les autres des logements, ou encore des collections d’armes…
Ainsi s’implantèrent des labos neufs et rutilants, des salles d’opération flambants neufs, des halls d’attente suréquipés en loisirs qui attirèrent des populations perdues en quête de quelques sous pour subsister.
Dans cette économie de troc, où tout s’échangeait (savoir, corps, peau, dents, reins) l’argent était encore et toujours un moyen de survivre mieux que les autres, même si la probabilité de finir égorgé était plus forte que celle d’en profiter.
Ainsi,  quelques années avant la grande Nuit, des femmes compétentes et accueillantes offrirent à des milliers de familles l’opportunité de gagner beaucoup d’argent très facilement ; Se rendre à la clinique, participer à une expérimentation rendrait service à la communauté.  Participer à un deuxième essai doublerait les gains, et amener d’autres participants  leur apporterait un gain supplémentaire de 20%
D’abord itinérantes ces docteurs se balladaient de villages en villages vêtues de blouses blanches et de cadeaux pour les enfants. Très vite le bruit se répandit et les docteurs n’eurent plus jamais à se déplacer.

 Certains, comme Odalisk avaient sur tirer leur épignle du jeu en commençant par de menus et discrets trafics, d’abord au sein de son village avant d’étendre son entreprise aux autres villages. L’intelligence d’Odalisk, à ce moment avait été de refuser de traiter avec les despotes locaux et de,tel le ver dans le fruit, se faire embaucher dans la garde rapprochée de Valborat
Elle traitait maintenant en direct avec Valborat, et maintenait un calme relatif sur le continent.


 Odalisk les autorisera sans doute à prélever un % sur la marchandise récoltée et quelques viols seront autorisés pour calmer les fortes têtes. Quelques exécutions publiques et sanglantes feraient réfléchir les partisanes de la paix.  Ces femmesn qui avaient perdu enfants et compagnons, constituaient une incroyable force de contre pouvoir .
Le rassemblement de tous les Indignados s’était fait par survie lors que l’accession de Valborat au pouvoir suprême de la ZonEurope. Les combattantes du sud  avaient rapporté les exactions auxquelles se livraient Odalik dans la ZonAfrik.
Tous avaient senti le besoin de s’unir : les partisanes de la paix, qui luttaient sur les terres d’Odalisk, les revanchards du Nord, qui avaient réussi la force de mobiliser les hommes et femme du nord, sans compter la venue des Kraken qui maintenaient le RESO en activité. Ces malicieux céphalopodes transformés depuis la pollution des mers avaient muté en une espèce hybride qui communiquait avec  certains êtres humains dont Moeglus et le Maître

Moeglus #intro

Et du ciel vinrent le vent la poussière les cendres et la nuit.  Le monde devint dur comme l’onyx, les hommes des ombres, leur peau du velours noir, leurs mots des crachats, leurs pensées emmurées leurs désirs engloutis. La terre gronda, les continents se rapprochèrent, les forts exterminèrent les faibles, les lâches pillèrent les villes et continuent leur errance dans les déserts de cendres. Quant aux survivants, Le monde qu’ils avaient connu ne serait plus. Ils se réveilleraient dans la nuit et désormais cette noirceur serait leur quotidien. Ils ramperaient plus qu’ils ne marcheraient, ne pourraient plus s’enfuir, engourdies seraient leurs pensées. Ainsi l’avait prédit l’oracle et cette nuit là, tous réalisèrent qu’ils auraient préféré la fin du monde que la vie dans ce monde là .

Alors commença le règne de Varborat et d’Odalisque et peu se souviennent qu’une autre vie ait pu exister.
Valborat du haut de son château de verre, regarda au loin dans le brouillard et pensa à son alliée de toujours.
Odalisk  se leva dans le noir et applaudit à la vue de ce monde dévasté. Elle trépignait littéralement de joie comme une enfant qu’elle n’avait jamais été. Enfin les continents réunis, tant de terres à conquérir et d’esclaves à s’approprier.
Seules deux lumières brillaient dans cette nuit, celle du Haut château en ZonEurop et, à l’autre extrémité, dans la nuit de la NouvelAfrik les miradors des camps d’Odalisk éclairaient tristement les baraquements s’étendant à perte de vue.

Bienvenue dans l'aquarium de Zèc

Métaphoriquement, je suis un poulpe.
Chaque jour apportant son lot de nouvelles envies, les tentacules sont indispensables pour tout ner à bien sans (trop de) fâcheuses conséquences.
Ce blog est né de la première tentative de participation au nanowrite me.
Tentative avortée par manque de temps !!! ( les tentacules ne font pas tout!, il faudrait corrompre Chronos pour que tout soit au mieux dans le meilleur des mondes)
Dans cette aventure du nanowrite, j'avais invité par copine Sécotine. 
Alors, Séco, elle fait partie de ma bulle "chouettes rencontres de cette année !!!" , c'est une fille rigolote, sympa, pro, féministe, bref un chouette brin d'humanité, comme j'aime!! et Séco et moi, ben on a peut- être en commun aussi, un goût pour les histoires qu'on raconte et besoin d'un coup de pied aux fesses pour finir notre taf.
Alors, on a commencé à publier nos bouts de nouvelles sur sa page Facebook, et puis, on s'est dit qu'un blog en commun, ce serait pas mal, pour accueillir nos mots.
Alors, voilà, dans mes tentacules, y en a une pour l'écriture et elle est sur ce blog!