dimanche 27 novembre 2011

Moeglus # Présentation

Où l’on fait les présentations

         Moeglus sourit intérieurement en songeant à ce que ses interlocuteurs dans la résistance pouvaient penser d’elle. Hors normes pour cette civilisation, elle serait morte si elle avait passé la porte de son œuf. 
Agée de 12 ans lors du dernier renversement de pouvoir de la ZonEurope, Moeglus avait vite compris que penser dans ce nouveau monde était encore plus dangereux que dans le précédent. Ses géniteurs, qui, curieusement, avaient choisi de l’élever et non de la confier au S.E.E.G [Service d’Education et d’Enseignement Général], lui avaient permis de survivre physiquement et mentalement. Moeglus songeait parfois à son existence d’avant mais la boule qui montait dans sa gorge non modifiée l’empêchait de la faire trop souvent. Cependant, cette boule avait le mérite de lui rappeler que sa maîtrise des émotions était trop aléatoire et encore inefficace. En parler au maître devenait nécessaire.  Connaissances lacunaires, aléatoires qui ne lui étaient d’aucun secours dans ce nouveau monde. Encore une raison de ne pas quitter l’œuf.
                                                                                               
Valborat était serein du haut du haut de son « Haut Château », il régnait enfin en maître absolu de ce nouveau monde. Un monde qui obéissait à ses régles aussi iniques soit elles. Il sourit en pensant aux pauvres petits dictateurs qui l’avaient précédé et qui, d’une certaine façon lui avaient transmis les clefs.
Le Château brillait dans la nuit. C’était la seule lumière de la zonEurope. Ceux qui vivaient en bas s’éclairaient à la lumière du jour et ceux qui avaient une source lumineuse accessible ne pouvaient s’éclairer que certains jours, certaines heures selon le bon vouloir de Valborat. Certes, pour connaître les jours et les heures autorisés, il suffisait de consulter les décrets édités par le Prince lui-même. Il fallait se rendre au Château, étage 222bis, escalier 8, niveau 3, bureau 1445 où un serviteur du Prince vous accordait le sésame tant désiré. Le service était ouvert 1H00, au delà de laquelle vous étiez tout simplement refoulé. Evidemment tout était filmé et le montage des scènes de batailles, d’errements et de cris amusait beaucoup Valborat qui les visionnait de temps en temps.
Humiliation, servilité, récompense aléatoire, traitrise, mensonges, flagornerie, séduction, corruption… Valborat avait oublié – s’il ne l’avait jamais su- ce que MORALITE et HUMANITE voulaient dire. Il descendait d’une lignée de princes manipulateurs, fourbes, puissants et bigrement intelligents. Même ses détracteurs – peu nombreux en apparence- lui reconnaissaient ces « talents ».
Le haut dirigeant était à la tête d’armées de serviteurs zélés, choisis parmi les meilleurs éléments façonnés par le S.E.E.G. Ses plus proches conseillers le craignaient autant qu’ils l’adulaient. En cercles concentriques de plus en plus éloignés le pouvoir se diluait. Tous avaient le même but : rester en vie.
En cette nuit, elle savait que comme elle, Valborat regardait au loin. Elle piaffait d’impatience  de sortir contempler les dégats et mettre son projet à l’œuvre mais  les portes blindées de sa résidence refusaient de s’ouvrir. 
Alors se leva dans le noir, brossa ses cheveux couverts de cuivre flamboyants qu’elle dressa avec sophistication .Elle posa sur son torse quelques bijoux cachant  difficilement  ses seins qu’elle avait d’opulents et de magnifiques. C’est ainsi que seulement vêtue d’une cape cousue de cheveux blonds, elle descendit dans les caves contempler les dernières prises des ses mercenaires. Quitte à attendre, autant s’amuser un peu pensait en descendant le long escalier de pierres. Les premiers cris de douleurs de ses prisonniers arrivèrent à ses et elle ne pu s’empêcher de  frissonner de plaisir.
Que ce monde allait devenir parfait
Odalisk exultait à la pensée de la terreur que son nom même provoquait. Valborat l’avait remarqué lors de ses premières expéditions en NouvelAfrik. Continent immense à qui lui et ses semblables avaient fait croire pendant des décennies qu’on s’occuperait d’eux et que leur parole serait écoutée entendue voire respectée. Qu’il fallait donc être naif pour croire pareille gabégie. Odalisque avait pu consulter les archives ultra sécrètes des siècles derniers et avait assez vite compris que, le chemin emprunté par Valborat était celui des anciens  dictateurs  avec ce petit plus que n’avaient pas ces prédecesseurs : Valborat avait modifié sa constitution génétique et dégageait une aura, un charisme et un érotisme qui venait la surprendre dans son sommeil.
Elle savait que pour survivre dans ce monde il fallait être aux côtés de Valborat . Alors elle fit tout ce qu’il fallait, collectant les informations nécessaires sur cet homme, ses alliés et ses ennemis .Certains soirs, au fond de sa résidence, elle pensait à ce qu’elle avait dû faire pour obtenir ces précieux renseignements et se promettait alors de faire venir à son service quelques gardes des archives pour se rappeler à leur bon souvenir, à un détail près. Ce serait elle qui tiendrait le fouet cette fois-ci.
Odalisk était aux yeux de ses obligés et même de ses ennemis un parfait mélange d’audace, de cruauté, d’intelligence, de perversité, un délicieux mélange d’attraction/répulsion agrémenté d’une absence totale de morale.
Quand l’avis de recherche de jeunes femmes pour la garde de Valborat avait circulé, Odalisk savait qu’elle devait absolument se faire remarquer du jeune chef en devenir qu’il était. Elle avait déjà quelques coups d’éclat à son actif qui n’étaient pas passés inaperçus du pouvoir (massacres de tribus, enlèvement d’enfants, trafic d’eau frelatée), et, dans les cercles décisionnels, son nom revenait, un peu plus souvent qu’avant.
La rumeur enflait. On parlait d’une femme belle et cruelle, des fables circulaient :- comme dans l’ancien temps- les mères disaient à leur enfant (si tu n’es pas sage Odalisk viendra nous prendre)
La rumeur faisait état de camps, de massacres organisés  et la rumeur avait raison.
A cette époque, l’entreprise d’Odalisk était circonscrite sur un petit territoire mis en devenant l’alliée de Valborat, elle pourrait l’étendre sur tout le continent et être prête pour la Grande Nuit.
Odalisk savait qu’elle pourrait plaire à Valborat par l’ingéniosité de son plan « la parthénogénèse »
La NouvelAfrik avait pendant des années servi de laboratoire expérimental à de nombreuses multinationales testant sur des populations leurs nouveautés afin de les améliorer avant d’inonder les marchés de la NewEurop. Cultures transgéniques, traitements médicamenteux avec effets secondaires violents, distribution de l’eau, produits dermatologiques, aucun domaines n’avait échappé aux têtes chercheuses de ces firmes. C’est sans peine qu’ils avaient convaincu les juntes militaires de s’associer à leur plan. La NouvelAfrique était depuis des centaines d’années la victime de la trilogie assassine « famine, guerre, épidémie ». Ses frontières redessinées au fur et à mesure des conflits de l’avancée des déserts et des milices en avait créé un bloc multipartite dans lequel la fin d’un conflit donnait naissance à un autre. Guerres larvées, succession de chefs, exécution sommaire, extermination de villages entiers, étaient devenues le lot quotidien de ce continent. Aucune difficulté pour les firmes très riches de négocier l’implantation de leurs « cliniques » les uns monnayant un oléoduc, les autres des logements, ou encore des collections d’armes…
Ainsi s’implantèrent des labos neufs et rutilants, des salles d’opération flambants neufs, des halls d’attente suréquipés en loisirs qui attirèrent des populations perdues en quête de quelques sous pour subsister.
Dans cette économie de troc, où tout s’échangeait (savoir, corps, peau, dents, reins) l’argent était encore et toujours un moyen de survivre mieux que les autres, même si la probabilité de finir égorgé était plus forte que celle d’en profiter.
Ainsi,  quelques années avant la grande Nuit, des femmes compétentes et accueillantes offrirent à des milliers de familles l’opportunité de gagner beaucoup d’argent très facilement ; Se rendre à la clinique, participer à une expérimentation rendrait service à la communauté.  Participer à un deuxième essai doublerait les gains, et amener d’autres participants  leur apporterait un gain supplémentaire de 20%
D’abord itinérantes ces docteurs se balladaient de villages en villages vêtues de blouses blanches et de cadeaux pour les enfants. Très vite le bruit se répandit et les docteurs n’eurent plus jamais à se déplacer.

 Certains, comme Odalisk avaient sur tirer leur épignle du jeu en commençant par de menus et discrets trafics, d’abord au sein de son village avant d’étendre son entreprise aux autres villages. L’intelligence d’Odalisk, à ce moment avait été de refuser de traiter avec les despotes locaux et de,tel le ver dans le fruit, se faire embaucher dans la garde rapprochée de Valborat
Elle traitait maintenant en direct avec Valborat, et maintenait un calme relatif sur le continent.


 Odalisk les autorisera sans doute à prélever un % sur la marchandise récoltée et quelques viols seront autorisés pour calmer les fortes têtes. Quelques exécutions publiques et sanglantes feraient réfléchir les partisanes de la paix.  Ces femmesn qui avaient perdu enfants et compagnons, constituaient une incroyable force de contre pouvoir .
Le rassemblement de tous les Indignados s’était fait par survie lors que l’accession de Valborat au pouvoir suprême de la ZonEurope. Les combattantes du sud  avaient rapporté les exactions auxquelles se livraient Odalik dans la ZonAfrik.
Tous avaient senti le besoin de s’unir : les partisanes de la paix, qui luttaient sur les terres d’Odalisk, les revanchards du Nord, qui avaient réussi la force de mobiliser les hommes et femme du nord, sans compter la venue des Kraken qui maintenaient le RESO en activité. Ces malicieux céphalopodes transformés depuis la pollution des mers avaient muté en une espèce hybride qui communiquait avec  certains êtres humains dont Moeglus et le Maître

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