dimanche 27 novembre 2011

Donatien # 1 - Josie

Non, Josie n'avait pourtant rien à voir avec les jolies filles de magasines. Elle n'était ni plus intelligente, ni plus gentille qu'une autre. Mais les circonstances firent que...

Josie, donc, de son vrai prénom Joséphine (mais cela faisait des années que seul les courriers officiels l’appelaient encore ainsi), 72 ans, se trouvait ce jour-là à la poste de Saint-Omer, la grande, celle située à deux pâtés de maisons de chez elle. Elle faisait la queue pour acheter quelques timbres et envoyer un petit colis à un de ses nombreux petits-neveux. Une petite boite de chocolats, rien d'extraordinaire, mais elle avait glissé dedans un billet "Oh, juste un petit" comme disent toutes les mamies qui gâtent trop leurs proches, 50€ pour "s'acheter une bricole qui te fera plaisir". En attendant son tour, elle arborait le même sourire que si ce petit-là, 1m87 et tout en jambes et en bras qui semblaient trop longs pour lui, se tenait en face d'elle en train d'ouvrir son paquet. Josie faisait partie de ses gens qui n'aiment rien tant que faire plaisir aux autres. Elle rêvassait en attendant son tour. 

Donatien, lui, avait fini son service et se préparait à rentrer chez lui. En quittant la poste, il tint la porte à un jeune homme en jogging qui entrait. Un cri, un bruit de chute, et la porte s'ouvrit à nouveau pour laisser passer le même jeune homme, un sac à la main et un petit colis sous le bras courant comme un dératé. Josie avait été détroussée, assez violemment car elle avait résisté, plus par réflexe que par bravoure, et c'est Donation qui fut le premier à ses côtés.
Il se sentait un peu coupable d'avoir laissé passer son voleur deux fois, à l'entrée et à la sortie, même si, aurait-il réagi à temps et l'aurait-il voulu, il n'aurait rien pu faire : le joggeur-voleur courrait vite et était déjà loin. 

Donatien fit s'assoir Josie, lui tint la main et lui parla tout doucement pour la calmer. Préparant l'arrivée des policiers appelés par ses collègues, il demanda à cette petite dame tremblante ce qui s'était passé exactement, et à quoi ressemblait précisément son agresseur. Josie était bouleversée, elle avait du mal à organiser ses pensées. Donatien pensa l'aider en l'incitant à se plonger dans ses souvenirs, au moment précis où le jeune homme avait fait irruption alors qu'elle attendait, dernière de la file d'attente. Le regard de Josie se voilât soudainement. Elle resta un moment silencieuse, puis sursauta, comme au sortir d'un mauvais rêve. Elle dévisagea Donatien comme si elle le voyait pour la première fois. A sa décharge, ça n'était techniquement que la seconde fois de sa vie qu'elle croisait son regard et, on l'a déjà dit, Donatien n'était pas du genre à marquer les esprits. Elle lui demanda ce qu'elle faisait là, assise pas terre. Son dernier souvenir remontait à son attente au guichet.
Les personnes présentes pensèrent aussitôt à la maladie d'Alzheimer, au choc de l'agression... Mais Donatien resta perplexe. Elle avait pourtant l'air d'avoir toute sa tête, avant.

Avant...

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