dimanche 27 novembre 2011

Moeglus # chap 2 les repriseurs de couche d'ozone

Extreme Nord de la ZonEurope, Zone froide

Et sans cesse, ils recommençaient.   Combien étaient-ils ?
1000 2000 3000 10000 nul ne saurait
Ils étaient une légende
Un mythe
Un concept
Une  a-réalité.
Le fruit du délire d'un dictateur en mal d'émotions fortes. La réalisation d'un fantasme d'une rare perversité
Et cela se déroulait loin, au-delà de toute civilisation, au -delà de toute humanité possible. Dans la zone très froide. Le pays des loups et de la  nuit. De la terre aride et de l'absence de végetation. Un paysage en noir  et blanc. La terre et le ciel. La glace et la nuit.
Et sur cette terre, des hommes, minuscules tant leur attirail était nombreux et vaste.
Ce qu'on voyait ?  nne perspective hallucinante d'échelles à perte de vue. Des hommes, des  femmes disparaissant sous des couches d'habits ; Des silhouettes informes toutes munies d’échelle, de fil et d'aiguille dont la tâche était de réparer la couche d'ozone ;
On les appelait les repriseurs de couche d'ozone car c'est à cela qu'ils étaient condamnés.
Monter sur l'échelle, y accrocher une autre échelle, et encore une autre, soutenir les autres condamnés qui montaient dans le froid. Jusqu'à ce qu’ils disparaissent en haut, dans la nuit, maintenir les échelles accrochées les unes aux autres pour que les camarades ne tombent pas de l'autre coté de la nuit. Ne pas être celui qui condamne l'autre à la mort ; Maintenir coûte que coûte les échelles ensemble. Veiller à ce que les barreaux ne glissent pas. Garder les gants, de temps en temps les remplacer par des mitaines, mais pas trop longtemps : les  doigts gèleraient trop vite et empêcheraient la bonne tenue des éléments. Ceux qui avaient perdu leur doigts en captivité, préféraient repriser que de tenir pour ne pas condamner l'un des leurs.
Bouger les orteils régulièrement dans les chaussures et fixer  ce qu'on fait.
Garder le fil sans le couper, bobine indéfiniment déroulée jusque là haut tout là haut dans le noir. Il pouvait se passer des heures,des jours,  des semaines sans que l'un d'entre eux ne redescende.
Et quand ils redescendaient t, rares étaient ceux qui restaient les mêmes. On le voyait à leurs yeux. Les nouveaux interrogeaient les anciens, qui ne répondaient pas. Dans leurs yeux, on lisait la folie du monde.
Nombre de ceux qui descendaient perdaient l'esprit, se laissaient envahir par la mélancolie, la démence, l'apathie ou l'indolence. Ils ne bougeaient plus se condamnant alors eux-mêmes à la mort. Leurs compagnons récupéraient alors leurs effets personnels, avec un respect étonnant dans ce pays de non-droits :
Les chaussures allaient aux nouveaux – venus qui allaient devoir tenir debout dans une immobilité pendant de longues heures, les gants et tout ce qui pouvait faire office de couvre chefs allait aux futurs éclaireurs qui allaient devoir monter dans la nuit.
Les pauvres hères n'avaient pas grand chose d'autre à partager...
Ensuite les corps étaient empilés à la lisière du camp pour servir de mur de protection face aux loups.

Antoine s'accroupit près de son échelle et prit du temps pour réfléchir. La situation le mettait dans une douce folie.
4 semaines qu'il tenait l'échelle pour Alexia. Alexia était montée depuis 4 longues semaines sans que le fil ne soit coupé. Elle n'avait donc pas basculé, elle était donc vivante. Mais qui pouvait encore rester vivant au bout de temps de temps là -haut ? Si elle redescendait ce serait dans quel état ? Ne valait -il pas mieux qu'elle meure. Antoine ne voulait pas perdre Alexia, une partisane la paix arrêtée en même temps que lui à Paris. Il s'estimait coupable de son arrestation et l'avait protégée de son mieux depuis.
Antoine ne cessait de repenser à ce jour gris dans Paris et plus encore à son parcours... lui tombé d'un seul coup dans la résistance.

Antoine s'était fait prendre par la milice à Paris plusieurs semaines auparavant. Des semaines qui lui paraissaient des mois. Antoine avait rendez vous à la planque parisienne avec d'autres Indignados.  Les Kraken l'avaient averti qu'Hardin voulait le rencontrer chez Moeglus ; ce n'était donc pas un rendez vous anodin, cela signifIait autre chose. Antoine était entré en résistance, 5 ans auparavant, le jour où il avait vu tous ses amis disparaître en une journée. Une rafle, incroyablement bien organisée, comme savent bien le faire les Bottes noires, évidemment qu'il y avait des délateurs mais on ne réussissait pas à les localiser. 
Pour ces deux raisons Antoine avait rejoint le Reso. Pas seulement rejoint, il avait été un des initiateurs de la réunion de tous les acteurs principaux. Il avait fait de nombreux allers retours entre la ZonEurop et la ZoneAfriK, fait halte chez de nombreux militants sur son parcours, convaincant sans relâche les uns et les autres de l'utilité de s’unir.
C'est en ZonAfrik que les partisanes de la paix étaient les plus nombreuses. Autant elles étaient encore assez libres au sud, autant c’était trop risqué pour elle de migrer en ZonEurope, Cependant Alexia elle aussi effectuait des allers retours et accepta donc de s'installer à Paris.
 Très vite, Antoine par son franc parler, son audace et son charisme enétait devenu un élément fondamental chez les Indignados vite repéré par Hardin, qui suivait son parcours par les informations données par les krakens. Son sens de l'improvisation, son inventivité en avaient fait un lieutenant de choix. Hardin et Antoine ne s'étaient jamais rencontrés. Antoine s'était fait arrêter à Paris tandis qu'Hardin était retenu à Amsterdam.
Ce jour là Antoine avait rendez vous avec Alexia dans un café. Il refusait de s'avouer qu'il était heureux que ça soit elle.
Il la repéra assez vite : petite et mince, elle était dissimulée sous un accouttrement bizarre, des pans et pans de tissus accumulés et son visage disparaissant  sous une capuche.

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