dimanche 27 novembre 2011

Moeglus # chap 1

Amsterdam Jardin botanique -

Hardin se releva difficilement et retomba immédiatement. Tel un pantin inarticulé. Il préféra s’asseoir et regarda autour de lui . Sa vision était brouillée et il mit un temps à s’accommoder à l'obscurité . Il était adossé à un mur, les jambes allongées devant lui . Son premier réflexe fut de regarder l'heure . Hardin portait une montre gousse à remontoir des temps préhistoriques il la chercha dans sa poche et ne la trouva pas . Péniblement il tira sur la chaîne qui la reliait à sa ceinture et la sentit poisseuse . Il la jeta avec dégoût . IL se reprit, mit la main à sa bouche et goûta ses doigts : du sang. C'est alors qu'il réalisa que son pantalon était trempé, tout comme ses chaussures et son dos . Il s'appuya sur le mur, pour se relever car la nuit environnante ne lui permettait pas d'utiliser ses fonctions habituelles. Il restait dos au mur, figé dans un assourdissant silence. Sa tête cognait, mais il n'avait pas le temps d'écouter sa douleur . Il lui fallait avancer, comprendre ce qui se passait et tout ceci dans l'obscurité la plus totale. Pourquoi cette mare de sang, pourquoi ce silence, pourquoi ce froid, pourquoi cette nuit.
Hardin avait rendez vous avec Hopkins chez Moeglus, il avait quitté Londres la veille et là, à Amsterdam, s'était rendu chez son ami Hector pour s'informer de la tenue des combattants hollandais. Il avait laissé Hector et décidé de jouer au touriste pour tromper la surveillance des Bottes Noires . Le jardin botanique lui plaisait, Hardin n'était pas du genre nostalgique, les actes de résistance ne faisaient pas bon ménage avec le mélo, cependant, cet endroit éveillait en lui de délicieux souvenirs d'une vie maintenant révolue, Un temps pas si ancien au cours duquel , il s'était nonchalamment promené avec une femme à son bras, riant et devisant indifférent au monde qui l'entourait. Depuis, cette femme comme toutes les autres avaient disparu. Les rafles des Bottes Noires avaient contraintes les survivantes à se terrer . Les seules femmes non sexagénaires qui sortaient sans crainte étaient des membres de la garde de Valborat, des fonctionnaires du SEEG, ou encore des membres de la milice des Bottes Noires ; Valborat avait transformé le paysage urbain en une foule uniforme vieille et grise qui attendait la mort.
Harding longeait le mur en tâtonnant . De temps en temps son pied heurtait quelque chose de dur , ou au contraire mou et spongieux ; Harding savait ce qu'il en était : des cadavres, que des cadavres....
Ses jambes heurtaient des vitres, du verres, des bouts de chaises ou de tables renversées .Il se murait dans le silence pour ne pas hurler quand il entendait les os des mains qui craquaient sous la semelle de ces pieds : la serre était devenu un immense ossuaire. Plus Hardin avançait, plus l'odeur du sang devenait entêtante. L'envie de vomir était annihilée par la peur de se faire prendre par la milice, jamais très loin dans ce genre d'événements . Cependant ce silence alertait Hardin : pas de détonation alentour, pas de bruit de bottes, pas d'ordres hurlés, pas de sirènes. Mais que se passait-il ?
Soudain une goulée d'air, soudain plus de mur auquel se raccrocher mais du vide. Hardin se retourna prudemment et sortit. Ses yeux s'étaient habitués à l’obscurité. Il percevait des mouvements mais il savait qu'il n'étaient pas humains.  Son séjour de 3 mois dans les geôles d'Odalisk lui avaient appris à faire la différence entre tous les bruits ambiants.
Sûr qu'aucun militaire ne le surprendrait aux environs, Hardin se détendit, évalua la situation et fit l'inventaire de ce qui lui restait. Miraculeusement , il n'était que peu blessé : quelques contusions, peu de plaies, rien de cassé. Ses vêtements étaient déchirés et sales, sa montre cassée. Il lui restait son ID , (fausse) certes mais en ordre, et aucune blessure n'avait ouvert les poches  sous cutanées qui renfermaient  les  puces de connexion avec Moeglus,le Maître et certains membres du réseau.
Autour de lui tout n'était que Silence et nuit La mort avait frappé, à grande échelle en plus. Il fit le tour du bâtiment pour s'en assurer : il contourna des cadavres, et plus surprenant des miliciens morts. Il récupéra une trousse de secours, une lampe de poche, des vêtements propres, des cartes de traverses Europ/Afrik valides et non nominatives, quelques armes, des codes de connexion à transmettre aux Kraken, de la nourriture ;
C'est fou ce qu'une centaine de morts peuvent vous apporter comme moyen de survie, il en parlerait à Moeglus, humaine non modifiée ô combien essentielle à leur survie à tous, qui appréciait son cynisme
Oui, il fallait qu'il contacte Moeglus et le Maitre. Il fallait sortir de là et s'assurer que les membres du RESO étaient en vie.
Il marchait donc d'un pas assuré vers la ville pour trouver une borne de connexion , quand il la trouva, il demanda un titre d'Elvis, son identifiant pour Moeglus, attendit que la connexion se fasse, quand il se trouva nez à nez avec un loup.

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